Fraternité Populaire & Patriotisme de Combat

Fraternité Populaire & Patriotisme de Combat

Copie 1er Ministre DE VILLEPIN

Monsieur le Premier ministre
Hôtel de Matignon
57, rue de Varenne
75700 Paris


Objet : Écoute et soutiens


Monsieur le Premier Ministre,

Novembre 2005 aura marqué un grand tournant dans les relations entre institutions, banlieues et communauté nationale.

Concernant la communauté nationale, les événements de novembre 2005 auront largement contribué à élargir le fossé de l’incompréhension et de la méfiance avec les populations des cités. La République dans sa conception «d’indivisibilité » vient de connaître son premier grand revers dans l’histoire de la Vème République.

Deux « entités » cohabitent de plus en plus difficilement au sein de la même nation exacerbant les exclusions et les discriminations, déjà si pesantes pour des populations fragilisées.


A l'occasion de cet événement, l'ensemble du pays a redécouvert l'existence de ces cités à l'abandon tandis que la puissance publique prenait acte de la faillite de ses services (école, formation, culture, logement…) inaptes à l'insertion des jeunes en banlieues.

Du point de vue des institutions, ces événements conjuguent constat d'échec et sentiment d'urgence.

Le constat d’échec : Nos institutions peinent à traiter les problèmes sociaux localisés dans des zones de ségrégation sociospaciales du cadre urbain.

L’échec des grands travaux (urbanisme et infrastructure), de l'habitat (logement et cadre de vie) et de la citoyenneté (droits et devoirs de l'individu dans les domaines civil, politique, social et économique) porte une grande part de responsabilité dans la « révolte » exprimée durant les émeutes.

Cet échec trouve son explication dans l'essoufflement de l'action publique sur le terrain.

Effectivement, malgré les progrès réalisés en matière de cadre de vie dans les ZUP et les encouragements à la participation des habitants, il semblerait nécessaire de réfléchir aux conditions de production de cette violence, puis de s'interroger sur ce qu'elle révèle de la gestion des banlieues par le politique.

Le sentiment d’urgence : Ce sentiment peut-être un élément positif si il favorise l'émergence de nouvelles formes d'intervention de l'État dans l'espace urbain.

Nous devons opter pour un nouveau raisonnement en matière d'action sociale et urbaine propre à la politique de la ville telle qu'on la définit aujourd'hui.

L’Association Présence Citoyenne regrette que le sentiment d’urgence soit un sentiment de circonstance qui trouve son épilogue et son prologue à la lumière des émeutes urbaines.

Certains hommes politiques partagent notre constat à l’image de François Bayrou dans son discours de clôture du Congrès extraordinaire de l'UDF à Lyon, le 29 janvier 2006 :


  1. « Tous ici, nous avons vécu comme un symptôme terrible la crise des banlieues, il y a à peine deux mois, et dont plus personne ne parle.


Il y a moins de quatre semaines, nous étions encore sous l'Etat d'urgence, une loi d'exception pour les temps de guerre. Il y a quatre semaines à peine !…


Il y a huit semaines, à peine, chers amis, les maires des villes de banlieue ont enchaîné réunions sur réunions à Matignon, à l'Elysée, "pour vous écouter", comprendre la crise. Eh bien, l'actualité n'a pas plus tôt tourné la page, les journaux télévisés n'ont pas plus tôt changé de titre que la crise des banlieues a été totalement effacée de l'esprit même et de l'expression même de ceux qui prétendaient, la main sur le cœur, en faire désormais la priorité nationale ».


La banlieue, faites entrer l’accusé ! :

Les banlieues se sont embrasées, sous les regards médusés de la communauté nationale et internationale, dépassant les prévisions les plus folles de nos « sociologues ».


Combien d’études sociologiques, combien de colloques de Dubet, Lapeyronnie ou Bourdieu & consorts sur le thème des banlieues, combien de statistiques, d’analyses politiques…pourtant personne n’avait soupçonné la possibilité de ce séisme social sur le territoire nationale.


Pourtant les signes avant-coureurs étaient détectés depuis longtemps mais les supers discours de suffisances de nos politiques ont joués le rôle d’arbre qui cache la foret.

Plusieurs facteurs ont facilité l’extériorisation d’une telle expression de « rages » :

  1. Le facteur média : Une réflexion sur l'émeute urbaine ne peut être menée sans faire référence à la forte médiatisation actuelle du phénomène. En effet, les jeunes des banlieues sont de plus en plus explicitement désignés comme violents. Or, cette violence répond davantage à des dysfonctionnements institutionnels qu'à l'émergence en France d’une généralisation de bandes extrêmement structurées.


Stigmatiser une frange de la population, la cantonner au seul rôle d’« ennemi de la République », banaliser l’idée que la France subie la violence des cités, que les zones de non droits se focalisent que dans la banlieue ou que les quartiers aspirent à un communautarisme ethnique est une dangereuse alchimie.

La responsabilisation, l’objectivité, l’éthique, la déontologie et la compassion doivent retrouver de nouveau leurs places dans les rédactions ;


  1. Le facteur Police : Les enquêtes menées dans les quartiers en difficulté permettent de mettre en évidence un premier paradoxe qui implique de poser la question de la présence policière au quotidien. Dans ces quartiers, tout se passe comme si l'on avait affaire à deux bandes rivales qui se côtoient constamment et finissent par s'affronter, faute de trouver d'autres interlocuteurs. Il semblerait que les rapports sociaux se soient progressivement réduits à un face à face entre les jeunes issus de l'immigration et les forces de l'ordre.


Cette situation est liée à une évolution dangereuse du fait de la dégradation de la qualité de vie dans les banlieues.

Ainsi, le soir venu, les seuls interlocuteurs des jeunes sont les représentants de l'ordre, d'où l'impression que " les flics sont toujours derrière nous ", tandis que les habitants perçoivent leur cité comme désertée, abandonnée de tous, y compris de la police. Ce paradoxe entre des habitants en demande de présence sécuritaire, qui estiment que la police n'est plus là que de jour, pour régler les problèmes de circulation et arpenter les centres commerciaux, à qui l'on reproche de " surveiller les arbres ", et les jeunes, seuls " vrais " citoyens de ces quartiers, qui persistent à s'associer, à se mobiliser, à s'approprier l'espace ne serait-ce que par leur seule présence, pose problème.


  1. Le facteur Justice : La tension extrême entre jeunes des banlieues et forces de l'ordre constamment renvoyés à leur face à face trouverait son explication dans le mode de fonctionnement du système judiciaire. Le discours récurrent est celui de l'impunité. La justice est souvent vilipendée, qui relâcherait les jeunes interpellés, de retour sur le quartier le jour même.


Le sentiment d'impunité des mineurs est particulièrement mal ressenti par les forces de l'ordre, comme par les habitants du quartier, qui soulignent le vandalisme gratuit et la violence verbale pratiqués par des enfants de plus en plus jeunes.

Notre association s’est penchée sur ce sujet et nous pouvons dire que cette analyse est réductrice dans sa forme comme dans son fond.

En effet, dans les quartiers, l'une des assertions les plus souvent entendues est que la justice ne réprime pas suffisamment les personnes qui lui sont déférées, voire que les sanctions prononcées ne seraient pas exécutées.

Il s'agit incontestablement d'un déficit de communication entre l'institution judiciaire locale et ses partenaires extérieurs. Il paraît en effet étonnant que les services de police puissent affirmer sans nuance que les auteurs de faits qu'ils interpellent sont immédiatement relâchés sur ordre du parquet, ou présentés au tribunal et tout autant remis en liberté sans qu'il y ait de suite pénale.

Ces éléments d'appréciation, partagés par les élus et les habitants, relèvent davantage d'une méconnaissance des règles de procédures et de droit pénal que de véritables dysfonctionnements de l'institution judiciaire.

En effet, le label « classées sans suite » condamne la justice à subir les foudres d’une population exaspérée dont le quotidien de plus en plus pesant remet en cause la légitimité de l'institution policière.

Notre rencontre récente avec un magistrat « tord le coup » à ce préjugé de justice laxiste. C’est avant tout une justice à la recherche de réponses adéquates à ce type de délits (incivismes, vandalismes, dégradations…) qui doit primer par des mesures alternatives au judiciaire.

  1. Le facteur Associatif : Reconnu d’utilité publique, les associations œuvrant dans les quartiers connaissent leurs limites.


Aujourd'hui, dans leur grande majorité, les acteurs associatifs et sociaux-professionnels qui travaillent dans ces quartiers n'y vivent plus ; éducateurs, animateurs ou encore élus municipaux désertent la cité, dès la nuit tombée, pour un cadre plus paisible.

Un éducateur de Lormont : " Je suis là jusqu'à 17 heures, mais le soir la cité m'est inconnue, on n'y rencontre pas les mêmes gens. Le soir, le quartier appartient réellement aux habitants ».

Sur les 1er/2ème et 3ème arrondissements de Marseille, nous sommes la seule association représentative de l’expression populaire et de la démocratie participative. Les autres associations ont un cadre plus institutionnel et passent leurs temps à « guerroyer » entre elles ou à essayer de récupérer le public des associations concurrentes.

Le temps perdu par les associations à régler les conflits internes ou relationnels avec les autres structures à condamné le quartier à se voir priver d’un tissu associatif riche et dynamique.

Dans les quartiers, que l'on parle de sa propre action, de ce qui est pratiqué ou de ce qui devrait être fait pour résoudre les problèmes, la vision que l'on donne des autres acteurs ou services concernés apparaît en règle générale négative ; elle oscille entre l'ignorance et l'accusation.

Les membres de notre association se heurtent au mur du mépris et des accusations de la part de structures institutionnels qui n’acceptent pas de voir une « association 100 % banlieue » prétendre au même droit à l’engagement associatif.

Des budgets édifiants sont débloqués pour des structures qui produisent de la consommation mais qui en termes de lutte contre les précarités et les exclusions ne produisent pas l’impact recherché.

Dans notre zone d'intervention, 5 structures font du soutien scolaire et bénéficient de subventions pour le déroulement de cette activité. C’est un doublon inutile et onéreux.

  1. Le facteur Emploi : "Le problème des quartiers, c'est l'emploi ! ». Ce constat est partagé par l’ensemble des acteurs sociaux ou des politiques de la ville.


Azouz : « On voit beaucoup de chantiers, de constructions mais jamais les jeunes de chez nous n'y travaillent ».

Christophe : « On est tous en liste d'attente pour des stages et on attend l'été pour faire les fruits. C'est pas une vie ».

Mourad : «Nos petits frères, on se demande ce qu'ils vont devenir. Pourquoi y a-t-il des éducateurs ? Pourquoi pas des jeunes qui viendraient d'autres villes et qui nous diraient comment ça se passe chez eux ? ».

5 copains : « Les éducateurs, ils arrivent dans le quartier à midi. On frappe chez eux, ils sont au bar. Si on veut monter un projet, rien que pour le taper, il faut demander à la mairie, qui nous envoie au centre social, qui nous dit d'aller acheter du papier ».

Le témoignage de ces jeunes de la commune rappelle combien l’emploi des jeunes est devenu une question centrale dans notre société et particulièrement sur notre commune qui connaît un pique de chômage de 20 %.


Le facteur Politique : La violence urbaine exercée aujourd'hui dans les quartiers en difficulté pose problème parce qu'elle exprime mais également par ce qu'elle déclenche.

Elle semble amorcer un nouveau mode de relation entre les jeunes des cités et le monde politique. Ces violences, comprises comme l'expression d'un malaise collectif, sont entendues par les responsables institutionnels.

Désormais les jeunes ont acquis la certitude qu'il leur faut tout casser avant d'être écoutés. Cette culture de l'émeute risque d'être de plus en plus difficile à gérer parce qu'elle tend à menacer de façon permanente l'institution locale, et à travers elle les dispositifs nationaux.

Désormais, en préalable de toute négociation, les jeunes menacent :

Eric : "On fait cramer la mairie si ils ne nous envoies pas en vacances".

D'où la rumeur véhiculée ensuite par les acteurs de la politique de la ville, rejoints par les élus locaux : "l'été sera chaud".

Ainsi, le développement d'une instrumentalisation de la violence urbaine est l'un des aspects les plus négatifs de ces explosions de colère : il fait peser sur le quartier une atmosphère quotidiennement détestable ressentie par tous, habitants, jeunes, forces de l'ordre, travailleurs sociaux, élus locaux…

Cette situation est le résultat de plusieurs décennies de « politique des grands frères » ou d’achat de la paix sociale mis en place par nos politiques.

La tranquillité publique, la sécurité, la paix sociale ou la citoyenneté ne passent pas par un troc ou deal mais par la responsabilisation. Ce discours tend à se généraliser mais nous sommes encore confrontés à des institutionnels qui pensent que tout passe par la consommation ou les concessions.

Le facteur Participation : Le dernier constat d'importance que l'on puisse faire à ce jour est celui de l'échec enregistré en ce qui concerne la participation des habitants. Cette participation, conçue comme le pilier de la politique de développement social des quartiers, n'a jamais émergé. A aucun moment, les habitants ne sont devenus des "acteurs de leur propre changement", pour reprendre la formule d'Hubert Dubedout.

L'un des échecs majeurs de la politique de la ville reste la participation des habitants à la vie du quartier.

Au-delà du constat d'échec de la politique de développement social des quartiers ou au-delà du sentiment " d'injustice " ressenti par les élus qui mettent en avant l'accroissement constant des budgets municipaux consacrés à cette politique, c’est avant tout l’absence de participation et de concertations des habitants dans le choix de leurs destins qui doit faire l’objet d’une autocritique des élus.

Sur le plan local, on assiste sans doute à la prise de conscience de l'insuffisance d'une politique dont les principaux efforts ont porté sur les réhabilitations, à l'occasion desquelles on a tenté de plaquer quelques bons préceptes des initiateurs de la politique de la ville. La participation des habitants ces dix dernières années a davantage été sollicitée sur des options esthétiques sur le bâti que sur des questions qui auraient introduit une possible modification du cadre de vie.

Cette participation n'a pas été possible parce qu'elle suppose de s'opposer, de proposer, et qu'elle implique de posséder des moyens culturels mais aussi techniques lorsque, par exemple, il s'agit d'argumenter face à des architectes-urbanistes. Jusqu'ici, l'ensemble des partenaires de la politique de la ville a pensé que les investissements sur le bâti auraient des conséquences décisives sur le malaise des banlieues, l'accompagnement social étant davantage perçu comme un "luxe". Aujourd'hui, on touche les limites extrêmes de cette réhabilitation pour laquelle la France a montré un grand savoir-faire.

Tout le monde parle au nom et pour les habitants mais aucun ne peut prétendre à cette légitimité dans la mesure où la plupart des acteurs sociaux sont aux antipodes des réalités du terrain.

La plupart des institutionnels se référent au mouvement beur né de l'émeute des Minguettes, concrétisé dans la grande marche pour l'égalité de décembre 1983 à l'issue de laquelle le président François Mitterrand recevait une délégation de jeunes émeutiers devenus militants.

Porter les problèmes d'intégrations culturelles sur le devant de la scène devait provoquer une réaction de la classe politique française et le soutien aux populations les plus fragilisés de notre pays.

Ce mouvement émergeant qui devait porter les espoirs de toute une génération s'est vu laminé par la récupération politique.

Aujourd'hui, le mouvement associatif franco-maghrébin issu des banlieues n'est plus, parce que les revendications ne sont plus du même type : des problèmes d'intégration culturelle, on est passé aux difficultés d'intégration économique et sociale auxquelles sont confrontés tous les jeunes de banlieues issus d'un milieu défavorisé quelque soit leur origine.

Face à la multiplicité des exclusions subies, aux désillusions de l'action associative, les jeunes adoptent un discours violent qui remet en question l'ensemble des acteurs travaillant ou vivant sur les quartiers.

La traduction première reste la dégradation quotidienne de l'environnement et des relations sociales. Mais, elle peut à l'occasion leur fournir le mobile d'une action collective où la violence devient l'expression du ressentiment vécu par tous comme en novembre 2005.

L'émeute urbaine a rappelé alors l'essence de tous les rapports qui fondent historiquement la politique de la ville : la population des quartiers défavorisés est toujours privée de la parole.

C’est pourquoi l’Association Présence Citoyenne refuse de voir les politiques rejeter l’ensemble des responsabilités des émeutes urbaines sur la banlieue alors qu’elle est d’abord victime de l’inaction de ces derniers.

Qui sommes-nous ?

Notre association est composée exclusivement de personnes vivant dans les quartiers de la commune. De par ses missions, son public, ses membres, ses adhérents, son champ d’intervention ou les orientations de l’association, Présence Citoyenne est une des expressions visibles de la démocratie participative.

Fédératrice, porteuse d’espoirs, ambitieuse, dynamique et engagée, l’Association Présence Citoyenne demande les moyens de participer à la vie de la cité.

Notre association participe au maintien de la tranquillité publique, qui œuvre pour faire reculer la précarité, qui lutte pour une citoyenneté « refusée », qui se bat pour instaurer un dialogue entre jeunes et policiers ou qui milite pour un « Mieux vivre ensemble ».

Notre public ?

Il vacille entre toxicomanie et délinquance multirécidiviste. Symbole d’une marginalisation extrême qu’aucune structure ne prend en charge.

Le noyau dur est considéré comme " perdu ", chaque acteur associatif estime qu'il n'entre plus dans sa sphère de compétence et que la police devrait in fine s'en charger, l'éloigner, le mettre à l'écart. Ces jeunes ont été suivis par tous les dispositifs, éducation, prévention, animation, ils sont une quarantaine entre la drogue et la délinquance.

Ces discours traduisent sans doute une réalité vécue sur le terrain mais ils posent problème, entretenant l'illusion que de la « disparition » d'une quarantaine de jeunes dépend la quiétude retrouvée des quartiers.

Des structures sont financées pour soutenir les initiatives en directions de ces publics mais elles passent leurs temps à stigmatiser ces jeunes et refusent même de travailler avec eux.

Un éducateur : « On peut plus rien pour eux, la cité, c’est Chicago ! »

Ce sentiment s’est généralisé auprès des intervenants sociaux et renforce notre impression que les structures sont inadaptées dans le traitement des problématiques de la ville.

Beaucoup tombent dans la comparaison simpliste avec la situation sociale américaine où les bandes tiennent le haut du pavé et font régner la terreur la nuit tombée.

Nous préférons, au terme bande, celui d'association épiphénoménale, liée à une rencontre, une occasion. Ces agrégations éphémères et peu structurées de jeunes peuvent se constituer lorsque l'événement se présente (manifestation, heurts avec la police, affrontement avec des jeunes d'une autre cité et ne se maintenir que le temps de l'explosion de violence.

Comparer ces rassemblements aux bandes telles qu'on les observe dans les grandes villes américaines, caractérisées par une activité délinquante organisée, une hiérarchie ritualisée et un territoire à défendre ou à conquérir est dangereux.

Aujourd'hui dans nos quartiers, ce qui préexiste c'est l'ennui, l'absence de repères, le vide social, économique et culturel. L'inexistence de véritables projets scolaires, professionnels, mais aussi projets amoureux des jeunes de ces quartiers. C’est le dénominateur commun d'une majorité des jeunes de banlieues rien de comparable avec les bandes américaines.

C’est pourquoi l’Association Présence Citoyenne est allé à contre-courant de ce discours fataliste, récurrent et dominant, et a misée sur l’envie de s’en sortir de ses jeunes.

Ils demandent l'égalité et on aurait tort de ne pas les écouter, de ne pas préférer le dialogue à l'envoi des forces de l'ordre.

Notre jeunesse est un espoir et une chance, pas une menace à contenir à grand renfort de gaz lacrymogènes.

Nous avons mis en place une convention avec l’enseigne commerciale de Carrefour à Lormont pour le recrutement de plusieurs jeunes des quartiers. Cette convention s’est soldée par l’embauche de 5 jeunes considérés comme « irrécupérables » qui ont largement répondu aux attentes de Carrefour.

Aujourd’hui, une autre demande émane de Carrefour à partir du mois de Juin pour 4 jeunes.

Nous recherchons ce « coup de pouce » qui relancera la vie « déstructurée » de ces jeunes qui ont le droit de voir leurs aspirations se concrétiser au même titre que les autres.

Monsieur le premier ministre, notre association en appel à votre soutien et à votre solidarité pour permettre de pérenniser nos actions sur la commune de Lormont.

Comment lutter contre les symptômes d'une misère sociale et économique grandissante et les signes de la faillite éducative de notre pays sans le soutien de ses institutions ?

Nous en appelant à votre compréhension et vous demandons de déclarer que les habitants des banlieues doivent être prioritaires afin de ramener l’espoir d’être un jour des citoyens “normaux”.

Il faut que vous remettiez en cause le système des zones franches. Les entreprises ne doivent plus s’implanter en banlieue seulement pour rafler les exonérations de charges. Pour y prétendre, il faudrait qu’elles embauchent « réellement » au moins 50% de leurs effectifs dans les quartiers alentours.

Bilan des émeutes :

Si, contrairement à certaines affirmations, les violences étaient spontanées et nullement organisées, les incendiaires ont avant tout pénalisé leurs propres quartiers, faisant de leurs proches les premières victimes.

C’est à ce titre que vous avez multiplié les consultations à Matignon avec des élus, des représentants d'associations, des jeunes, des policiers, des gendarmes et des enseignants des zones urbaines sensibles.

Cependant, nous regrettons que les plus consultés aient été majoritairement des acteurs d’Iles de France rendant absent les revendications de la Province.

Nous avons un constat terrible : Les brèves incursions ministérielles dans les cités et les effets d'annonce sans lendemain ont fait long feu.

A commencer par le déblocage de 100 millions d'euros pour les associations en 2006 car les associations attendent toujours les crédits promis. Nous refusons de voir partir cet argent dans des structures qui engloutissent déjà énormément de fonds publiques. Cet argent doit bénéficier aux petites associations de quartiers.

Votre promesse de quelque 20.000 contrats publics aidés réservés aux jeunes de moins de 25 ans habitant dans une zone urbaine sensible doit voir le jour. Une question s’impose : comment se fait-il que notre municipalité, qui se dit de gauche, n’a-t-elle jamais embauché de jeunes y compris après les émeutes de novembre 2005 ?

Votre programme des "Cadets de la République", auquel vous avez donné une vigueur nouvelle place Beauvau en 2004, permet l'accès aux métiers de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile à des jeunes issus des milieux défavorisés.

Pourtant fort est de constater que l’information ne circule pas et que les jeunes sont toujours privés des informations qui peuvent leur être utile.

Monsieur le Premier Ministre, nous vous invitons à venir dans notre commune et à aller à la rencontre des habitants et de voir cette France qui ne veut pas sortir du giron de la République et de la France.

"Les trente dernières années doivent nous inciter tous à beaucoup d'humilité" et "La République tiendra ses promesses, fidèle à ses principes, à travers des services publics et efficaces sur l'ensemble de notre territoire". (Premier Ministre)

Nous ne voulons pas être réduits à des satellites sans orbites.

En espérant compter sur votre soutien ou votre venue sur notre commune, les membres de l’association vous accorde, monsieur le Premier Ministre, leurs totales confiances et leurs sincères salutations.



Association Présence Citoyenne


















17/02/2010
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